Les recherches effectuées sur l’acropole du site et en bordure de la mer ont livré un matériel extrêmement riche et diversifié qui date, au plus tôt, de la seconde moitié du VIIème siècle, soit la période correspondant à l’arrivée des Grecs sur le site. Il est donc clair que les Grecs se sont installés dans ces deux zones dès l’implantation de la colonie : près de la mer, pour y pratiquer la pêche et procéder au chargement et à la réception des marchandises liées au commerce, et sur l’acropole, lieu de refuge privilégié en cas d’incursions ennemies. Alors que sur l’acropole, le matériel provient de niveaux perturbés, sur le bord de la mer, le mobilier archéologique a été trouvé dans des couches bien stratifiées. Ici, des sondages très profonds (jusqu’à 6,50 mètres) ont livré divers types de céramique qui témoignent de l’intensité des contacts avec les populations locales et de la diversité des échanges avec les principaux centres de production de la Grèce.
Mais dans les niveaux les plus profonds, les fouilleurs n’ont trouvé que de la céramique d’origine thrace ou provenant de la péninsule de Chalcidique, ce qui tend à montrer que le site d’Argilos était déjà habité par une population locale avant l’arrivée des Grecs. Puisqu’il n’y a, pour le moment, aucune trace d’une destruction violente de cet habitat local, tout porte à croire que Grecs et Thraces ont cohabité sur le site, probablement durant près d’un siècle. Ces découvertes remettent en question plusieurs passages des textes anciens, qui présentent trop souvent les Grecs comme des colonisateurs brutaux, qui n’hésitent pas à déplacer de force les populations locales.

Vue de la fouille sur le bord de mer